Fiche d’élevage

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La fourmi Messor barbarus


Une fiche d'informations par les membres du forum

http://messorbarbarusbob.naturalforum.net



La fourmi « Messor barbarus » est communément appelée « moissonneuse ». L’originalité de cette espèce est son comportement alimentaire : elle se nourrit principalement de graines. L’absence de trophallaxie est compensée par un système communautaire d’approvisionnement et de prédigestion de la nourriture. La fourmi "barbarus" fait partie de la grande famille des « Myrmicinae », et du genre « Messor », toutes ont un aiguillon et leurs nymphes sont toujours nues, donc pas de cocon. Les colonies sont monogynes.


1. Ecologie, géographie


Les Messor barbarus sont présentes majoritairement dans le bassin méditerranéen. Cette espèce, d’origine maghrébine, affectionne les sols rocheux, secs, avec une faible pente, avec une végétation clairsemée et à l’abri des vents froids.



Répartition de l’espèce Messor barbarus




2. Classification


2.1. Systématique


Les Messor barbarus appartiennent à la famille des Myrmicinae.


 



2.2. Castes


L’espèce présente un polymorphisme important : 3 castes sont identifiés chez les ouvrières : les «minors», les «médias» et les «majors». Notons l'existence d’individus intermédiaire.



2.2.1. Gyne et mâles


La reine est de couleur sombre, sa tête est d'une manière générale teintée de rouge brique (quelques rares exceptions ont la tête noire, gynes du Maghreb). Son gastre, peut, lui aussi, être parfois teinté de rouge.




Les reines de Messor barbarus peuvent atteindre 14mm et vivre jusqu’à 15 ans. L’essaimage a principalement lieu en Septembre / Octobre. La fondation est monogyne de type indépendante, a lieu au début du printemps. (première ponte). Les mâles, quant à eux, mesurent de 8 à 9mm.




















2.2.3. Ouvrières media

C’est, en milieu naturel, la caste la plus présente en nombre dans la colonie. Ces ouvrières peuvent atteindre 12mm, et parfois présenter une coloration rouge de la tête. Elles se chargent de toutes les tâches de la colonie.


2.2.4. Ouvrières major



Jeune major Messor barbarus : Photo de Carlos del Pico


Il s’agit de la caste des plus grandes ouvrières de l’espèce Messor barbarus : elles peuvent atteindre 15mm. Leur rôle dans la colonie est relativement mal défini. En dehors de leur capacité à transporter de lourdes charges (grosses graines), elles possèdent assez de force pour ouvrir des graines particulièrement grandes et dures. Il semblerait aussi qu’elles possèdent un rôle de gardes (pas de soldats), leur taille étant un facteur de dissuasion pour certains prédateurs.

A la naissance, la tête du major est jaune orange, (voir photo ci dessus). Elle se colore de rouge en quelques jours.


2.2.5. Couvain


 














La particularité du couvain de cette espèce est l’absence de cocon lors de la dernière phase de transformation avant l’imago : on passe donc de l’œuf à la larve, puis de la larve à la nymphe nue.


3. Comportement alimentaire


3.1. Choix des graines



Les graines semblent être choisies en fonction de différents critères :


Leur poids : les Messor barbarus récoltent des graines de 0.4 à 60mg en milieu naturel. On assiste à une forte prédilection pour les petites graines, même lorsque ce sont des majors qui les récoltent. Il semble que la taille et la forme des graines entrent dans le processus de choix.


Leurs caractéristiques nutritionnelles : le choix semble aussi se faire en fonction des apports nutritionnels de chaque espèce de graine (choix de la diversité des apports), de leur composition chimique, mais aussi de leur viabilité.


3.2. Autres besoins


Les différentes études montrent qu’en milieu naturel, les Messor consomment aussi des insectes, mais en faibles proportions (insectes + excréments : ±1% de la récolte). Elles recueillent aussi des morceaux de feuilles et quelques minéraux, plus rarement des fragments de lichen.


3.3. Préparation des graines


   



Une caractéristique de cette espèce est la pré-digestion des graines, avec la formation de « pain de fourmi ». En effet, les graines sont ouvertes, triturées, et imbibées de salive, jusqu’à la formation d’une pâte qui sera consommée par tous. Cette formation d’une nourriture utilisable par chacun compense l’absence de trophallaxie.


La salive de ces fourmis est fortement hydrolysante (présence d’une amylase et d’une maltase très actives), son action porte sur les réserves amylacées des graines pour les transformer en sucres assimilables par les fourmis.


4. Besoins en captivité


4.1. Humidité


Les Messor barbarus provenant de régions du Sud, il ne leur faut pas trop d’humidité. Un nid humidifié à 40% est amplement suffisant. D’une manière générale, l’humidité ambiante et l’eau contenue dans leurs aliments leur suffisent. Toutefois, il peut s’avérer nécessaire de leur fournir un point d’eau dans l’aire de chasse (coton humide) afin qu’elles puissent se désaltérer.


4.2. Température


Pour les mêmes raisons que précédemment, un développement optimal sera obtenu en amenant la colonie à des températures de l’ordre de 24-28°C le jour, et 18-24°C la nuit. Attention cependant à la gestion de l’humidité ; nous y reviendrons en partie 5.2.


4.3. Diapause


Comme une grande majorité d’espèces, les Messor barbarus ont besoin d’un hivernage soigné afin de maintenir leur cycle biologique. Même si seules les larves réalisent réellement une diapause, la gyne profite de cette période comme d’un repos ovarien. Cela correspond à son cycle de ponte, qui peut être fortement perturbé si l’on, ne respecte pas une période de froid (surtout pour de jeunes colonies). Il est conseillé de les maintenir sous 15°C, qui semble la limite entre activité et hivernage.


Le mieux est donc un maintien de 8 à 12 semaines à une température d’environ 12-13°C. Attention cependant, même à ces températures, la colonie continue son activité, mais à un rythme plus lent.


En pratique


«Pour la mise en diapause des colonies, il ne faut pas vous focaliser une date bien précise, il s’agit simplement de suivre attentivement l’évolution du couvain. C’est-à-dire observer un ralentissement de la ponte (dans une grande colonie, la reine ne cessera jamais de pondre, même sous une température de 12 à 15°), mais il faut attendre que toutes les nymphes atteignent la fin de leur métamorphose (imago).

Vous procédez, alors seulement, à la mise en hivernation de votre colonie en diminuant progressivement la température. Inutile de descendre sous les 12°, sauf pour les « gynes »  que l’on peut aisément placer sans aucun risque dans le frigo. (7°).»


Robert Helsen

 

Nos observations


Visiblement la Messor barbarus ne rentre jamais dans une véritable diapause. L’activité de la colonie est ralentie mais il est possible d’observer des réactions à un dérangement même sous 8°. Le besoin de stocker des graines en est une preuve supplémentaire que l’on ne peut contourner. Seule la métamorphose cesse (et encore), le couvain est aussi toujours présent et les graines sont encore collectés.



5. Caractéristiques des nids


   


5.1. Profondeur


Qu’ils soient en béton cellulaire, en plâtre, ou encore en Plexiglas, les nids doivent respecter une règle importante : ils doivent être assez profonds non seulement pour les déplacements des fourmis (qui peuvent être imposantes !) ; mais il doit surtout leur permettre de pouvoir réaliser le pain de fourmis « tête à l’envers ». Cette posture semble être particulièrement importante pour la réussite de cette opération. Les barbarus obtiennent ainsi une pâte mieux prédigérée, qui convient mieux à leur alimentation, et à celle des larves. On conseille donc, d'une manière générale, des nids dont la profondeur minimale est de 10 mm. Il ne faut pas hésiter à leur proposer des salles de diverses profondeur. Une salle avec 2cm de profondeur sera employée à la mastication des graines avec succès.



5.2. Gestion de l'humidité


Deux points sont particulièrement importants :


  1. Les Messor doivent pouvoir stocker les graines dans un ou plusieurs greniers secs. Cela évite la  germination ou le pourrissement de leur stock. Il est pour cela conseillé de leur fournir un nid humide pour l’«habitation» et un nid sec, pour les réserves de graines.


  1. L’apport de calories lors du chauffage engendre une baisse plus rapide de l’humidité du nid. Même        si cette espèce ne demande que peu d’humidité, un milieu trop sec les tuerait très rapidement. C’est pourquoi il est nécessaire de surveiller régulièrement le taux d’humidification de vos nids.





Pour tout commentaire ou pour aller plus loin, rendez vous sur le forum :


messorbarbarusbob.naturalforum.net







Merci à Robert Helsen pour la rédaction de cette fiche d’élevage.

Merci à DMX, pour l’utilisation de ses photos.

 

Des études scientifiques tendent à prouver que cette pigmentation a un rapport avec l’humidité de son nid d’origine ainsi qu’avec sa zone géographique. Les pattes sont parfois légèrement colorées de rouge/orange.

2.2.2. Ouvrières minor


Les plus petites ouvrières d’une colonie appartiennent à la caste des minor. Il s’agit d’ouvrières dont la taille varie de 3 à 5-6mm. Présentes en grand nombre dans la colonie, elles participent activement à la récolte de graines, aux soins du couvain et de la gyne, à la préparation du pain de fourmi. Les ouvrières, quelle que soit leur caste, vivent de 2 à 3 ans.